Chaque été, à la fin du mois d’août, l’ACVS organise pour ses membres une sortie culturelle d’un ou deux jours. Notre groupe se déplace généralement en transports publics et à pied, souvent accompagnés d’un spécialiste d’une région ou d’une thématique. Un des moments phares de ces visites est la lecture de textes de voyageurs in situ.

Ci-dessous vous trouverez la liste des lieux visités depuis 1998. Un compte rendu de chaque sortie est également publié par la suite dans notre bulletin. Les membres sont encouragés à soumettre des propositions de visite lors de l’AG ou par courriel.

A la conquête de la Gemmi (2013)

Liste des sorties

2022 : Sion et le Rhône depuis la colline de Valère

G. Lorry, « Sion » in J. B. B. Sauvan, Le Rhône. Description historique et pittoresque de son cours depuis sa source jusqu’à la mer, Paris, 1829, Viatimages/Mediathèque Valais

Après notre sortie en France sur le site de Ripaille, nous retournons en Suisse. Cette année l’ACVS a consacré son bulletin au Valais et a également collaboré avec la Médiathèque Valais et le Centre interdisciplinaire de recherche sur la montagne (CIRM) à l’exposition « Les Alpes au stéréoscope » visible à Sion sur le site des Arsenaux jusqu’au 22 octobre.

Nous irons visiter cette exposition dans l’après-midi, tandis que le matin l’ACVS vous propose une promenade sur la colline de Valère (site historique inscrit au patrimoine fédéral des paysages d’importance nationale depuis 1977).

Le professeur Emmanuel Reynard, membre de l’ACVS, a accepté de nous guider à la découverte de ce site tout à fait remarquable, riche d’histoire, visité par tant de voyageurs et qui offre une vue superbe sur la vallée. Il nous fera découvrir l’évolution de ce paysage et nous parlera du Rhône, de ses aménagements passés, présents et futurs.

La visite se terminera avec un apéritif à la Pierre à Venetz (ancienne Pierre de la Poudrière), bloc erratique en équilibre sur la colline. Les explications du professeur Reynard, nous permettront de mieux comprendre l’importance de ces types de géotopes pour l’histoire de la glaciologie mais aussi pour la conservation des patrimoines naturels et le géotourisme. Il nous parlera de l’histoire glaciaire du Rhône et du rôle joué par les récits des voyageurs savants (de Scheuchzer à Goethe, de De Charpentier à Agassiz) qui ont contribué, avec leurs hypothèses sur le transport des blocs erratiques, à l’élaboration de la théorie glaciaire qui s’affirme au cours du XIXe siècle.

2021 : Faire Ripaille !

Après notre visite autour de Voltaire en 2019, l’ACVS vous propose cette année de vous dépayser en France. La « côte de Savoie » (Évian, Ripaille, Thonon), admirée par Goethe depuis la Dôle en 1779, a attiré moins de voyageurs que son pendant suisse. Elle a néanmoins sa place dans la littérature, notamment à cause de l’expression « faire ripaille » dont les origines sont souvent associées, à tort, à Victor Amédée VIII de Savoie. Ce dernier fit construire le Château de Ripaille au 15e siècle avant de s’autoproclamer pape.

C’est depuis Ripaille, transformée en chartreuse, que le voyageur anglais Joseph Addison a décrit en 1703 l’« agréable espèce d’horreur » que lui ont inspirée les Alpes, et où il a fait la distinction, tout aussi influente, entre la richesse de la Suisse et la misère de la Savoie. D’autres voyageurs l’ont suivi, notamment André-César Bordier, John Moore, ou encore Théophile Gautier. Moins parcouru au 19e siècle et laissé à l’abandon, Ripaille fut restauré à partir de 1892 par un riche industriel amateur d’art, Frédéric Engel-Gros, qui en fit une œuvre d’art total.

Après une traversée en bateau jusqu’à Thonon les Bains pendant laquelle nous vous présenterons, comme de coutume, des récits portant sur Ripaille et le Chablais, nous longerons à pied les rives jusqu’au domaine, dont l’on pourra découvrir la chênaie et le panorama sur le Léman. Suivra une visite guidée du château portant sur ses cinq cent ans d’histoire, ainsi que ses légendes et dictons. Après un repas dans le centre historique de Thonon, nous vous proposons une visite libre du Musée du Chablais, avec notamment des expositions sur les barques du Léman et sur l’histoire de la contrebande, car « qui n’a vu ni Thonon ni Ripaille n’a jamais rien vu qui vaille ».

2019 : Sur les traces de Voltaire

L’ACVS va à la découverte de deux hauts lieux culturels du XVIIIe siècle intimement liés à la personnalité de Voltaire. Il s’agit de la maison des Délices à Genève, devenue un institut et musée dédié au philosophe, et du château de Ferney, qui vient d’être restauré. Ces deux demeures ont fait l’objet d’un pèlerinage déjà du vivant de l’écrivain. Elles ont accueilli d’innombrables voyageurs qui traversaient la région lémanique. Plusieurs d’entre eux ont laissé des témoignages de leur rencontre, souvent haute en couleur, avec le patriarche, mais également, à la mort de ce dernier, une marque de leur passage dans des livres d’or, conservés aujourd’hui au musée des Délices. Comme la tradition des excursions de l’ACVS l’exige, un florilège d’extraits de récits et de guides de voyage vous seront lus lors des visites.

2018 : La route de St-Jacques, par Rapperswil, Einsiedeln et Schwytz

Après les glaciers du Grimsel, l’ACVS vous propose de faire l’expérience d’une autre forme de sublime en suivant pendant un ou deux jours le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle dans la région d’Einsiedeln. Le samedi, nous emprunterons le Holzbrücke, le pont médiéval reliant Rapperswil à Hurden, afin de rejoindre Einsiedeln et son abbaye que nous visiterons avec un guide, ne manquant ni sa célèbre bibliothèque ni sa Vierge noire. Ce sera l’occasion de lire une sélection de textes parfois polémiques. Le dimanche, les participants auront le choix de prolonger leur voyage en grimpant (en télécabine) au Grosser Mythen, sommet iconique de la Suisse primitive, avant d’explorer la ville de Schwytz avec sa belle place centrale et son musée des chartes fédérales.

2017 : le Glacier du Rhône et le Col du Grimsel

Caspar Wolf, « Glacier du Lauteraar » (1776), Kunstmuseum Basel

L’ACVS vous propose cette année une sortie de deux jours au Grimsel en compagnie du géologue Grégoire Testaz. Ce col historique, situé à 2165 m. et entouré des trois glaciers de l’Aar, relie l’Oberland bernois avec le Haut Valais et le Piémont (par le col de Gries). Il est traversé par un sentier muletier ayant appartenu aux gens du Hasli et aujourd’hui baptisé « Via Sbrinz » à cause du fromage qu’on y transportait. Scène de combats féroces entre les troupes autrichiennes et françaises en 1799, le paysage lunaire du Grimsel attira également les premiers voyageurs, y compris des écrivains, des artistes, et de nombreux géologues, dont Louis Agassiz, qui installa en 1844 l’« hôtel des Neuchâtelois » sur le glacier avoisinant du Lauteraar. L’ouverture du tunnel du Gothard en 1882 entraîna le déclin du trafic muletier, tandis qu’une route carrossable inaugurée en 1895 et menant au pied du glacier du Rhône y conduisit les touristes en masse. Au XXe siècle, le Grimsel fut profondément modifié par la fonte des glaciers et par deux lacs de barrage construits entre 1930 et 1950 qui submergèrent notamment l’hospice original et qui seront d’ailleurs bientôt agrandis. Cette visite sera donc l’occasion de découvrir une région riche en références scientifiques et culturelles, tout en prenant la mesure de l’évolution constante de nos paysages.

2016 : Lauterbrünnen et la Kleine Scheidegg

Lord Byron et son ami John Cam Hobhouse effectuèrent un tour des Alpes bernoises du 17 au 29 septembre 1816, qui a représenté le point culminant du séjour du poète en Suisse. Se déplaçant à cheval, à dos de mulet, en char à banc, en bateau, ou encore à pied, ils suivirent l’itinéraire 33 du guide d’Ebel, longeant d’abord la rive nord du Léman, puis empruntant le tracé actuel du MOB, de Montreux jusqu’à Thun, avant de faire la traversée de la Petite et de la Grande Scheidegg et de retourner à Genève via Fribourg et Aubonne. Nos paysages n’ont pas suffi au poète pour surmonter sa dépression, mais ce voyage l’a néanmoins profondément marqué. Il a donné lieu à son magnifique « Journal alpin » et a inspiré des scènes magiques et mystérieuses dans Manfred (1817), le drame lyrique qui, avec le troisième chant de Childe Harold, contribua à faire de la Suisse un haut lieu du romantisme européen.
Pour fêter la commémoration du bicentenaire de Byron en Suisse, nous proposons de retracer la journée la plus intense et mémorable de leur voyage, soit 23 septembre 1816. Après avoir en effet passé la nuit à la cure de Lauterbrunnen, le poète alla admirer une deuxième fois les chutes du Staubbach, puis fit l’ascension de la montagne de « Wengren » [sic]. À la Kleine Scheidegg, ils laissèrent leurs montures et continuèrent à pied jusqu’au sommet de l’actuel Lauberhorn. Dans son journal, le poète nous décrit la vue :

« D’un côté, nos regards embrassaient la Jungfrau avec tous ses glaciers; puis la Dent d’Argent, brillante comme la vérité ; puis le Petit-Géant (Kleine Eiger) et le Grand-Géant (Grosse Eiger), et enfin le Wetterhorn lui-même […] Nous entendions les avalanches tomber presque de cinq minutes en cinq minutes. Du point où nous nous tenions sur le mont Wengen, nous en avions la vue d’un côté, et de l’autre nous voyions les nuages s’élever en tourbillons de la vallée opposée, et tournoyer le long de précipices à pic, comme l’écume de l’infernal océan par une haute marée : c’était une vapeur blanche, sulfureuse, et qui s’engouffrait dans des profondeurs qui paraissaient incommensurables […] »

2015 : Lucerne et le Rigi

L’ACVS vous entraîne dans l’un des sanctuaires du tourisme helvétique. Nous aurons en effet le plaisir de découvrir Lucerne en compagnie du Dr Andreas Bürgi. Ah ! Lucerne ! Ses ponts, ses clochers, ses vieilles tours, son général Pfyffer, son Lion, son Panorama des Bourbaki, son jardin des Glaciers, son lac, son Rigi… Les récits de voyage qui l’évoquent sont innombrables.
Nous vous proposons une sortie de 2 jours, mais qui peut aussi être scindée en 2 journées distinctes. Le samedi sera essentiellement urbain et cultivé, tandis que le dimanche nous fera prendre un peu de hauteur et aller (enfin !) faire l’expérience tant vantée au XIXe siècle du Rigi… La compagnie sera choisie : outre Léon Tolstoï, nous y rencontrerons certainement Victor Hugo, Alexandre Dumas, Rodolphe Töpffer, Jemima Morrell, Théobald Walsh, le comte Adam de Gurovski, des crétins et quelques vieilles Anglaises.

2014 : la Dent de Vaulion

Entre le 12 septembre 1779 et le 13 janvier 1780, Johann Wolfgang Goethe fait son deuxième voyage en Suisse. Il est un auteur déjà célèbre, ayant écrit Werther cinq ans plus tôt. Contrairement à son premier voyage en Suisse, qui était un voyage de jeunesse où l’émotion était première, le voyage de 1779 est celui d’un homme plus mature : il a 30 ans et est responsable du jeune duc de Weimar, âgé de 22 ans. Ils voyagent incognito, à pied et à cheval, et visitent plusieurs des hauts-lieux du voyage en Suisse et dans les Alpes à la fin du XVIIIe siècle : le Jura (entre Bâle et Bienne), l’Oberland bernois, la rive nord du Léman, la mer de Glace à Chamonix, le Valais, la Furka et le Gothard avant de rentrer par Lucerne et Zurich. C’est le 25 octobre qu’ils montent à la dent de Vaulion. En cette journée d’arrière-automne, il y a du stratus, même s’ils sont au soleil à partir du Pont. Une situation des plus intéressantes pour un voyageur attiré par les paysages et les effets de la lumière.
Le panorama de la Dent de Vaulion, comme ceux qu’offrent d’autres balcons du Jura, ont été admirés et décrits par plusieurs auteurs importants du voyage alpin, comme Jean-André Deluc (au-dessus de Neuchâtel) ou Horace-Bénédict de Saussure (la Dôle), Lamartine (la vue des Alpes et la Chaux-de-fonds), tandis qu’André Gide à La Brévine présente un contrexemple.

2013 : le Col de la Gemmi

«Montée de la Gemmi». Rodolphe Töpffer, Voyage en zigzag…, 1844. www.unil.ch/viatimages

La sortie que l’ACVS propose cette année est exceptionnelle : sur deux jours, nous allons suivre l’une des routes alpines qui a le plus surpris les voyageurs de toutes les époques : le sentier qui mène de Loèche-les-Bains (VS) à Kandersteg (BE) via la Gemmi, le Daubensee, et l’auberge de Schwarenbach. Vous trouverez tous les détails pratiques ci-après. L’importance de ce passage dans l’histoire du voyage en Suisse peut se mesurer au nombre de récits qu’il a suscités : Germaine de Staël, Alexandre Dumas, Rodolphe Töpffer, Jemima Morrell (participante au 1er voyage organisé dans les Alpes par Thomas Cook en 1863), Guy de Maupassant… Les textes sont légion et nous accompagneront tout au long de ces deux jours. Mais laissons pour l’instant la parole à Alexandre Dumas, qui raconte son passage en 1832 :

« L’auberge que nous allions atteindre dans une heure était l’auberge de Schwarenbach. Connaissez-vous ce drame moderne, dans lequel Werner a transporté le premier la fatalité des temps antiques : cette famille de paysans que la vengeance de Dieu poursuit comme si elle était une famille royale ; ces pâtres Atrides qui, pendant trois générations, à jour et heures fixes, vengent les uns sur les autres, fils sur pères, pères sur fils, les crimes des fils et des pères ; ce drame qu’il faut lire à minuit, pendant l’orage, à la lueur d’une lampe qui finit, si, n’ayant jamais rien craint, vous voulez sentir pour la première fois courir dans vos veines les atteintes frissonnantes de la peur ? […] Voulez-vous savoir ce que c’est que ce poème ? Je vais vous le dire en deux mots… » (Alexandre Dumas, Impressions de voyage en Suisse, 1833-1837)

Pour connaître le drame du 24 février dont parle Dumas, mais aussi pour entendre la nouvelle que Maupassant a située à l’auberge de Schwarenbach, accompagnez-nous dans ce week-end particulier qui, outre la marche, nous permettra aussi de retrouver le plaisir de lire en commun à la belle étoile…

2012 : Môtiers et le val de Travers

Rousseau herborisant, gravure au trait coloriée, d’après une aquarelle de Mayer, vers 1779. Musée Rousseau, Môtier

Cela ne peut pas vous avoir échappé : 2012 est l’année Rousseau. Notre Association littéraire ne pouvait pas décemment faire cette impasse. On vous emmène donc sur les pas de Jean-Jacques. Où aller cependant pour ne pas tomber dans des lieux par trop communs ? On a bien pensé vous entraîner à Meillerie en canot pour pleurer avec nous dans le sillage de Saint-Preux, voire vous noyer, comme Julie, au château de Chillon…
On a finalement opté pour le Val de Travers : « [La vue dont je jouis ici] ne flatte pas, elle frappe ; elle est plus sauvage que riante, l’art n’y étale pas ses beautés, mais la majesté de la nature en impose, et quoique le parc de Versailles soit plus grand que ce vallon, il ne paraîtrait qu’un colifichet. […] Les habitants du lieu m’y montrent de la bienveillance et ne me traitent point en proscrit. Comment pourrais-je n’être pas touché des bontés qu’on m’y témoigne, moi qui dois tenir à bienfait de la part des hommes tout le mal qu’ils ne me font pas ? » (J.-J. Rousseau, Lettre au Maréchal de Luxembourg, 28 janvier 1763)

 

Autres années

Sur la Route des diligences

  • 2011 : Finhaut et la Route des diligences
  • 2010 : Abbaye de Bellelay
  • 2009 : Lausanne Jardins
  • 2008 : Anniversaire de l’association à Cully Festival
  • 2007 : Evian
  • 2006 : Col du Simplon
  • 2005 : Avenches
  • 2004 : Château d’Oex (par le MOB)
  • 2003 : Fribourg
  • 2001 : Lucerne
  • 2000 : Sion
  • 1999 : Genève
  • 1998 : Musée national de Prangins