Sommaire
Recherches et Travaux : Le voyage dans le Jura
François Noirjean, « Voyage dans l’ancien Evêché de Bâle », p. 7-20
Marie-Angèle Lovis, « Les ‘Très Riches Heures’ de la gare de Porrentruy », p. 21-30
Irène Merçay, « Hilaire Belloc, The Path to Rome », avec une introduction de Patrick Vincent, p. 31-43
Guides pour une histoire
Ariane Devanthéry, « Le Jura à travers le guide de John Murray (1838) », p. 45-47
Delphine Marinot-Marchand, « Le Rhin suisse dans la littérature de voyage européenne du XVe au XIXe siècle », p. 49-51
Clin d’oeil
Adrien Guignard, « Au Sanatorium, au sanatorium…: faire-part d’une carte postale », p. 53-59
Comptes rendus
Patrick Vincent, « Eric Christen, Françoise Baud, Rousseau, les Alpes et la poésie anglaise, 2011″, p. 60-61
Claude Reichler, « Ruth Michel Richter, Konrad Richter, Wandern wie gemalt. Auf den Spuren bekannter Gemälde im Berner Oberland, 2010″, p. 62-63
Patrick Vincent, « Helen Maria Williams, A tour in Switzerland, éd. par Patrick Vincent et Florence Widmer-Schnyder, 2011″, p. 64
Patrick Vincent, « John Ruskin, Écrits sur les Alpes, éd. par emma Sdegno et Claude Reichler, 2012″, p. 65
Vie de l’association
Promenades culturelles 2012 / Lausanne Estivale, édition 2013 / Liste des membres / Procès-verbal de l’Assemblée générale, 8 novembre 2012
Editorial
Affiche Jura-Simplon Bahn, par F. Hugo d’Alési, v.1897
Une fois n’est pas coutume, l’éditorial du bulletin de l’ACVS commencera par un souvenir d’enfance. Sur le chemin qui menait à l’école, il est arrivé à l’auteure de ces lignes de voir un petit groupe de personnes, sac au dos et appareil de photo à la main, admirer la fontaine du Banneret ou la façade de l’Hôtel-Dieu. L’enfant que j’étais s’arrêtait pour dévisager ces touristes avec une grande curiosité tant l’événement était inhabituel dans ma petite ville, événement que je m’empressais de raconter, aussitôt de retour à la maison. Mais que faisaient-ils donc à Porrentruy ? S’étaient-ils perdus ?
La situation a certes évolué en trente ans, mais lentement. Ce n’est qu’en 1990 que le canton se dote d’une loi sur le tourisme et met en place une structure pour promouvoir la région, structure qui deviendra l’actuel Jura Tourisme. Cependant, à l’exception des Franches-Montagnes, le Jura peine toujours à attirer les touristes et a souffert du discrédit de Suisse Tourisme, qui, jusque dans les années 2000, ne le reconnaît pas comme partenaire, estimant que la région n’a pas assez de potentiel. Les statistiques sont, elles aussi, sans appel : de tous les cantons, le Jura est celui qui fait le moins de nuitées, bon dernier après Appenzell Rhodes-Extérieures*. Au mieux, on le traverse, mais on ne s’y arrête pas. Il est à espérer que les dinosaures, qui ont aussi transité par la contrée, arriveront à retenir les voyageurs quelques jours de plus lorsque la mise en valeur de ce patrimoine paléontologique sera enfin réalisée.
Ce manque d’intérêt pour la région jurassienne semble être une constante à travers les siècles. L’ensemble des articles proposés dans le dossier thématique de ce bulletin étayent le propos. Le canton du Jura a été délaissé par les voyageurs, et donc par la littérature de voyage. Dès le milieu du XVIIIe siècle, c’est l’actuel Jura bernois, autrefois partie intégrante de l’Evêché de Bâle, qui accapare toute l’attention. Au XIXe siècle, les guides suivent avec application le cours de la Birse entre Bâle et Bienne, et n’hésitent pas, à l’instar de l’Anglais Murray, de déconseiller au voyageur de faire un détour par « la petite ville » de Delémont. Le récit rocambolesque de l’écrivain Belloc à travers l’Ajoie et le district de Delémont vers 1900 fait figure de météore. Bien que l’Anglais consacre de nombreuses pages à cette traversée atypique, c’est un hasard qui l’a fait passer par cette route, celle-ci étant la plus courte pour rejoindre… Rome ! L’arrivée du train dans le dernier quart du XIXe siècle suscitera beaucoup d’espoirs. Grâce à une situation géopolitique particulière, Porrentruy connaît alors un âge d’or. Des trains de voyageurs en provenance de l’Europe entière passent quotidiennement par la gare bruntrutaine. Mais cette situation privilégiée cessera dès la fin de la Première Guerre mondiale, et les hôtels qui avaient fleuri périclitent.
Ainsi donc, faire un numéro sur le voyage dans le Jura était une gageure. L’absence relative de voyageurs ne nous a pourtant pas empêchés de réaliser l’un des bulletins les plus fournis dans la vie de l’Association, grâce aux riches contributions de trois Jurassiens : l’archiviste François Noirjean, qui nous offre un panorama de la littérature viatique relative à l’ancien Evêché de Bâle, l’historienne Marie-Angèle Lovis, qui a exhumé des documents inédits faisant revivre les « Très Riches Heures » de la gare de Porrentruy vers 1890, et la professeure d’anglais Irène Merçay, qui fait découvrir au public francophone de larges extraits du Path to Rome de Hilaire Belloc, ouvrage qui ne connaît encore aucune traduction française. Qu’ils en soient ici chaleureusement remerciés !
Fidèle à ses habitudes, le bulletin de cette année comprend également les chroniques « Guides pour une histoire » et « Clin d’oeil » d’Ariane Devanthéry et Adrien Guignard, divers comptes rendus d’ouvrages parus récemment sur le voyage en Suisse, ainsi que le résumé de la thèse soutenue par Delphine Marinot autour du Rhin suisse dans la littérature de voyage européenne du XVe au XIXe siècle.
Le bulletin se clôt avec un aperçu des activités relatives à la vie de l’Association, parmi lesquelles les visites culturelles lausannoises qui rencontrent toujours un franc succès. Côté nouveautés, une cotisation spéciale de 40 francs a été créée pour les couples désirant devenir membres. A relever aussi que l’ACVS possède désormais un nouveau site internet (www.levoyageensuisse.ch), régulièrement mis à jour. Vos remarques et idées sont toujours les bienvenues !
Au nom du comité, je vous souhaite une agréable lecture.
Béatrice Lovis
Revue de presse
Journal en ligne de l’Université de Lausanne, 5 août 2013
L’Est Républicain, 30 décembre 2013
Exceptionnellement pour l’occasion, des exemplaires sont mis en vente au Musée de l’Hôtel-Dieu à Porrentruy et au Musée d’art et d’histoire de Delémont au prix modique de 5 francs. Au vu de la demande importante, un second tirage a été imprimé en février 2014.